Etre proactif

Un jugement sain de nous-mêmes

Nous vivons, percevons tous ce monde avec nos cinq sens sous la forme de sensations visuelles, auditives, kinesthésiques, gustatives et olfactives. Le monde que nous nous représentons est le fruit de nos perceptions. C’est en quelque sorte notre « carte du monde » personnelle, notre façon d’interpréter tout ce qui nous entoure et d’y donner sens.

Ces représentations créent des états internes (des émotions, des humeurs, des états d'esprit) qui motivent nos actions, nos paroles, nos décisions. Nous sommes tous capable de gérer nos représentations internes : nous pouvons en effet décider du cours de nos pensées qui influenceront nos perceptions. Dès lors, lorsqu’on comprend cela, il devient possible de changer ses perceptions en changeant ses états internes. 

Si donc, nous nous représentons que des images négatives, il est inévitable que notre monde sera sombre, négatif, hostile et peu encourageant. A l’inverse, nous pouvons aussi décider de donner du sens à ce que nous vivons et la démarche est alors bien différente, plus positive et enthousiasmante.

Poussez la réflexion un peu plus loin : vos décisions sont toutes influencées par vos états dans lesquels vous vous trouvez. A quoi ressemblent vos actions, dans une même situation, si vous êtes en colère, déçu, apeuré, fatigué, triste, joyeux, trop joyeux, amoureux, ému, énergique, motivé, confiant, reconnaissant,… Si vous passez par ces différentes représentations, vous constaterez vite que cela influe vos états et votre perception pour finalement vous pousser à prendre une décision. D’où l’importance de prendre conscience de l’état dans lequel vous vous trouvez avant de faire, dire ou penser quelque chose. Cela sera toujours différent si vous êtes en colère ou si vous êtes joyeux. Alors que la situation, elle, est exactement identique…

Vous pourriez mettre dix personnes face à un problème et vous constaterez que vous aurez très probablement dix approches différentes parce qu’elles le vivent avec leurs perceptions individuelles. En revanche, le problème, lui, est pourtant le même pour tout le monde.

Certains se mettent en colère, alors que d’autres restent calmes, ou d’autres encore en rient pendant que d’autres méditent en silence pour trouver une solution où d’autres passent leur temps à comprendre ce qui a causé le problème, alors que l’un reste paralysé par la peur pendant que l’autre a déjà imaginé comment s’en sortir avec enthousiasme et créativité.

Nos perceptions et nos états internes ont de l’influence sur ce que nous allons ressentir ou vivre. La bible nous parle de cette importance :

Proverbes 25.28 : " L'homme qui ne gouverne pas son esprit est une ville en ruine, sans murailles."

Petite anedocte illustrant l'impact de nos pensées
 

Après une longue et dure journée de travail en plein mois de juillet, un représentant crève un pneu en rase campagne.  Contrarié, il ouvre son coffre, soulève la trappe pour y sortir la roue de secours, mais… malheur : il ne trouve pas de cric.

En pleine saison estivale, perdu sur une petite route de campagne, il se dit que personne ne passera pour lui prêter main forte. Convaincu de cette idée, il décide de se rendre au village le plus proche dont il aperçoit le clocher au loin. Il espère alors trouver un villageois qui pourra lui prêter un cric.

Enerve smile

Pendant sa longue marche, alors que le soleil tape de tous ses rayons, de nombreuses pensées lui traversent l'esprit :

« Est-ce que je vais trouver une personne qui m’ouvrira ? » 
« Et puis, est-ce qu’ils vont avoir un cric ? »
« Et s’ils ne veulent pas me le prêter, je ferai quoi ? »

Tout en continuant sa marche, lente et longue, transpirant il continue :
« J’ai entendu parler des gens du coin, ils n’aiment pas les étrangers, ça va être dur ! »

Ses épaules se baissent sous le poids des pensées catastrophiques, sa démarche perd de l’assurance :

« Personne ne me connaît, je suis sûr qu’ils ne me prêteront pas de cric ! »

Et ainsi, chaque pas semble peser de plus en plus lourd, le village lui semble déjà bien hostile, les villageois lui sont de plus antipathiques.

Convaincu que personne ne voudra l’accueillir et lui prêter de cric, les pires scénarios commencent à trotter dans sa tête pour progressivement le mettre dans un état de colère. Lorsqu’il arrive sur la place du village, il regarde autour de lui et, énervé il se met à hurler :

« Eh bien, puisque c’est comme ça, vous pouvez vous le garder votre cric ! » 

... larguer les amarres !

En fonction de nos états internes nous avons tendance à nous positionner en VICTIME suivant les situations que nous traversons, on appelle cela la réactivité.

Amarres

Il s'agit d'une déresponsabilisation de notre part hautement toxique qui pompe toute notre énergie et nous laisse dans la frustration, le stress et la régression. Nous laissons tout pouvoir aux circonstances ou aux personnes qui nous entourent... nous accusons les autres ou les blâmons des problèmes que nous rencontrons, ou alors, nous culpabilisons de ne pas être capables de nous en sortir nous-mêmes.. Dans les deux cas, nous sommes dans un piteux état : irritables, sous-pression, en proie à des automatismes qui tournent en boucle... En résultent un sentiment confus de doute, de manque de choix, de dépendance, de souffrance, de non-sens, d'échec, d'effort infructueux. C'est un peu comme si nous étions figurants de notre propre vie, à la marge, impuissants, sans impact sur le cours des choses.

Une autre alternative bien plus boostante s'offre à nous : la proactivité.

Il s'agit d'un choix déterminé à se positionner non plus en victime ni en coupable, mais en RESPONSABLE.

Du coup, nous sommes dans une toute autre énergie, nous commençons à anticiper plutôt qu'à subir passivement, nous prenons les choses en main, nos actes et nos choix de vie ne se font plus sous-pression extérieure, mais en parfaite harmonie avec nos valeurs, nous apprenons à nous adapter et à être plus flexibles plutôt qu'à nous braquer contre les évènements. Si certaines choses ne peuvent être changer dans notre environnement, nous adaptons notre réaction, notre comportement à la situation en question. De nouvelles perspectives s'ouvrent à nous, tout devient possible à partir du moment où nous optons pour cette attitude positive et constructive. Evolution, autonomie, plaisir, énergie, réalisation : nous sommes pleinement acteur de notre vie, jouant notre propre rôle de tout coeur et avec toutes nos forces.

En résumé, au lieu de faire une fixation sur ce que nous ne pouvons changer dans une situation (réactivité) nous allons diriger notre attention sur ce que nous pouvons mettre en place pour améliorer ladite situation (proactivité).

La bible elle-même nous encourage à la proactivité de différentes manières.

Dans 1 Thessaloniciens 5.16 nous lisons par exemple : "Soyez toujours joyeux !"

ou encore dans Philippiens 4.8 : "Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées".

L'importance de notre responsabilité quant à notre état émotionnel apparaît clairement dans ces deux passages : ce n'est pas une option, c'est un impératif. Nous sommes responsables d'orienter nos pensées et cela sous-tend que nous en sommes capables. Nous devons choisir d'être toujours joyeux, là encore, pas de demi-mesures. Inutile donc de perdre notre temps et nos forces dans du "négatif" improductif et stérile. Nous pouvons enfin larguer les amarres !

Bateau pleine mer

Switcher en mode "positif" est donc de notre ressort : cela s'apprend, se pratique, se met en place au fil des jours. Nous musclons notre détermination à rester proactif, acteur principal de notre vie, sous la direction de Dieu qui est notre "Réalisateur" !

Tout à fait concrètement, comment peut-on SWITCHER ainsi d'un état émotionnel négatif à positif ?

Nous sommes habitués à macérer dans nos mauvaises pensées ou dans nos ruminations délétères, cela fonctionne tout seul, pas vrai ?! Et le plus gros mensonge est celui de croire que nous sommes condamnés à attendre "que cela passe". Repensez à ce : "Soyez toujours joyeux !" dans la bible, il résume à lui tout seul l'importance d'orienter notre être tout entier vers la joie. Si nous nous référons aux fruits de l'Esprit dans Galates 5.22, là aussi nous trouvons des états internes positifs, constructifs, enthousiasmants : la paix, la joie (à nouveau), l'amour, la patience, la bonté, la bégninité, la douceur, la tempérance... rien que de les évoquer, nous nous sentons déjà mieux !

Il nous appartient donc de décider d'adopter une attitude constructive, positive, bienfaisante pour nous-mêmes et notre entourage.

Le fruit de l esprit

La maîtrise de soi

Il y a une méthode toute simple emprûntée au monde du sport, et qui permet de concrétiser notre désir de mettre ces choses en pratique. Cela reste ludique et accessoire, mais peut aider les uns et les autres à mieux gérer ses états émotionnels dans certaines situations délicates. 

Choix d'un état ressource

De quel état voulez-vous disposer plus souvent ? Soyez précis.
Exemple : je voudrais être calme.

Quelles en sont les caractéristiques ? Décrivez-les le mieux possible.
Exemple : lorsque je suis calme, je suis dans un état de détente, prêt à tout affronter, serein(e) et apaisé(e).

Dans quelle genre de situation voulez-vous être dans cet état ?
Exemple : j'ai besoin d'être calme pour ma réunion de demain matin au bureau.

Comment entrer dans cet état ressource ?

Niveau corporel : le simple fait de modifier votre attitude physique va avoir un impact immédiat sur vos états émotionnels. Rien de "magique". Cela est prouvé scientifiquement depuis les IRM, il s'avère que nos différentes postures influent nos neurones cérébrales au point de les modifier, et vice-versa. Si nous sommes par exemple sans énergie, le simple fait de nous redresser sur notre chaise et de respirer profondément va automatiquement nous permettre de nous sentir à nouveau avec davantage d'énergie et de combativité. Autre exemple : le simple fait de sourire au lieu de garder notre visage inexpressif va booster notre bien-être. Là encore c'est prouvé scientifiquement depuis peu, car notre cerveau ne fait pas la différence entre un sourire réel et un sourire "forcé". Ce sourire va activer des zones cérébrales qui sont celles du plaisir et de la joie ! D'où l'importance réelle de veiller à notre posture globale.

Voici un exercice ludique qui consiste à faire "comme si" vous étiez dans un état spécifique maintenant 
Attention, ne lisez-pas uniquement, mais faites réellement physiquement ce qui est indiqué afin de ressentir l'impact sur votre état émotionnel actuel.

Prenons un exemple -
Faites comme si vous étiez CALME 

COMMENT VOUS TIENDRIEZ-VOUS ? (POSTURE)
Exemple : quand je suis calme, je me tiens bien droit(e) 
Tenez-vous ainsi maintenant.

QUELS SERAIENT VOS GESTES, TONUS MUSCULAIRE ?
Exemple : mes gestes sont précis, mon tonus musculaire est souple. 
Faites ces gestes maintenant.

COMMENT RESPIRERIEZ-VOUS ?
Exemple : quand je suis calme, je respire profondément et amplement.
Respirez ainsi maintenant.

QUELLE SERAIT L'EXPRESSION DE VOTRE VISAGE ?
Exemple : quand je suis calme, un léger sourire flotte sur mon visage.
Mimer cette expression maintenant.

QUEL SERAIT LE TON DE VOTRE VOIX ? .
Exemple : quand je suis calme, ma voix est posée et douce.
Parlez ainsi maintenant.

Prenez un instant pour rester dans cet état et en faire l'expérience.
Vérifiez que vous êtes bien calme.

Vous pouvez faire votre check-list :

1. Posture du corps
2. Tonus musculaire
3. Respiration
4. Expression du visage
5. Intonation de la voix

Expression visages

ANCRER

Vous pouvez disposer d'un déclencheur qui vous permettra d'avoir accès à votre état ressource, chaque fois que vous en avez envie :

Choisissez une image, un mot ou un geste qui symbolise votre ressource.
Pour le calme, cela peut par exemple être l'image d'un coucher de soleil, ou le mot "cool" ou le geste de se croiser les bras. A vous de choisir ce qui vous inspire le plus (le visuel, le langage parlé ou le gestuel).

Entrez à nouveau dans cet état et faites venir l'image, le mot ou le geste à votre esprit pour associer l'état interne à son déclencheur.

Répétez l'expérience au moins 3 fois pour renforcer l'association. Au besoin amplifiez chaque fois l'état positif dans lequel vous vous trouvez.

Vérifiez que lorsque vous utilisez votre ancre, l'état positif revient facilement, sinon répétez les étapes précédentes.

ASSOCIER LA RESSOURCE A L'OBJECTIF

Replacez-vous dans votre état ressource puis, tout en restant dans cet état, transportez-vous mentalement dans la situation que vous avez choisie (votre réunion demain matin au bureau). Vivez cette situation par anticipation, tout en restant en état ressource (visualisez-vous en toute sérénité demain matin au bureau et visualisez comment cela se passera en vous et autour de vous).

Notre imaginaire est puissant, et autant nous pouvons nous conditionner à notre insu de façon négative, en imaginant le pire, autant nous pouvons décider de nous mettre dans les meilleures conditions pour vivre au mieux certains moments particuliers de nos vies. Imaginez les choses dans une perspective positive nous permet de mieux être préparé pour affronter notre quotidien. Dans tous les cas, que nous le voulions ou non, nos pensées vont conditonner nos émotions, nos émotions vont conditionner nos choix, nos choix vont conditionner nos actes, et nos actes vont conditionner notre destin à court, moyen et long terme. Autant apprendre comment nous fonctionnons et en tirer le meilleur parti. Cela nous aidera aussi dans notre marche chrétienne pour mieux gérer nos écarts, nos émotions et ainsi être plus apte à obéir !